Lors du swell historique du 3 mai dernier à Puerto Escondido, Othmane Choufani fut tabassé sans pitié à l'inside après un wipe-out. Le lendemain il continuait à charger. Edwin Morales a immortalisé la vague "du jour d'après", à retrouver dans le Surf Annual 2015.
C'était l'occasion de discuter avec Othmane pour qu'il nous raconte cet épisode traumatisant :
« Le 3 mai après ma chute j'ai été repris par la lèvre et plaqué au fond. Une fois que j'ai senti l'océan se calmer j'ai déclenché ma veste Patagonia qui m'a fait remonter assez rapidement. Je suis resté à peu près 15 secondes sous l'eau j'étais un peu sonné par la violence mais niveau air ça allait. Quand je suis remonté j'étais face à la plage et j'étais trop heureux de voir que ça allait mais en me retournant j'ai vu le shorebreak de la deuxième assez énorme m'arriver en plein dessus du coup, j'ai vite repris mon calme et j'ai commencé à bien respirer.
Le fait que ma veste soit gonflée m'a vite ramené pile à l'impact et je n'ai pas dégonflé cette dernière ce qui m'a coûté de me retrouver à l'impact. La lèvre est tombée sur moi et a fait exploser ma veste ainsi que tout l'air que j'avais dans mes poumons. Jusqu'à la ça allait mais cette vague m'a plaqué au fond et ma veste s'est remplie d'eau ce qui m'a coulé. Quand j'ai réalisé ce qu'il se passait je me suis dit « Mince là t'es dans la pire situation possible alors nage vers le haut en essayant de garder le plus d'énergie. »
Après 8 brasses au moins j'ai réussi à remonter pile pour une inspiration avant que la troisième ne refasse la même chose ! Ca a duré 8 ou 10 vagues avant que Coco Nogales ne vienne me sauver la vie devant les rochers. J'avais vraiment forcé pour ne pas boire d'eau sur les deux dernières vagues, je m'étais dit « au pire je perds conscience, c'est mieux que de me remplir d'eau ».
Une fois sur le jet ski je ne sentais plus aucun de mes membres c'était vraiment chaud et j'avais un mal de tête horrible qui m'a fait vomir du sang. J'essayais de ne pas montrer à Coco que j'étais vraiment mal. Une fois sur le sable j'ai dû m'allonger pendant 20-25 minutes et Mark Healey m'a conseillé de faire des radios des poumons vu que j'avaisvomi du sang mais j'ai commencé à me sentir mieux et suis rentré à mon hôtel, pris une douche, bu de l'eau et je me suis simplement reposé jusqu'au lendemain matin où c'était énorme mais parfait. J'avais une énorme appréhension mais je me suis dit que rien de pire ne pouvait m'arriver, que mon entraînement avait payé et que c'était le moment de « Step Up ». J'ai donc attendu 4 heures avant de prendre la vague (CF photo d'Edwin Morales), j'ai pris du temps mais quand j'ai vu cette gauche arriver je l'ai laissée arriver jusqu'au moment où j'ai vu la lèvre friser et je me suis dit c'est maintenant ou jamais. Je me suis retourné au dernier moment, mis deux coups de rame et je suis parti. J'ai vu encore une fois qu'elle était vraiment grosse et que j'étais peut-être un peu court en 8.5. J'ai essayé coûte que coûte de faire mon bottom comme s'il y avait 1m50 mais suis arrivé juste assez tôt pour éviter la lèvre. Je n'ai pas pu vraiment me caler et prendre une ligne, j'ai donc perdu l'équilibre et suis tombé à plat ventre, j'ai ricoché et le souffle m'a fait avancer encore plus vite. Je suis restée super longtemps sous l'eau et j'ai pris la deuxième sur la tête heureusement l'océan était plus tranquille et je me suis vite fait ramener au bord je suis reparti direct à l'eau par le port mais n'ai pas eu de vagues et suis ressorti à la rame. »
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