Embarquez avec Damien Castera et Mathieu Crepel dans l'odyssée fascinante d'une goutte d'eau, des cimes enneigées du Grand Nord jusqu'au Golfe d'Alaska. Les deux riders nous envoient des nouvelles de leur deuxième partie d'aventure :
" OdiSea continue son itinérance au fil de l'eau en adoptant le rythme paisible de la rivière. Le temps est au beau fixe, les lumières rasantes de l'été boréal font la joie de nos photographes et cadreurs, Damien est heureux de renouer avec l'eau dans son état liquide – un pas de plus vers les vagues du Pacifique – quant à Mathieu, c'est avec une pointe de nostalgie qu'il abandonne les cimes enneigées pour filer vers les plages du golfe d'Alaska.
Les snowboards calés au fond du canoe, les lignes de pêche tendues dans le courant, les sacs de matériel et de provisions bien arrimés au milieu de l'embarcation, nous pénétrons dans l'ombre d'immenses forêts primaires. Sapins, épicéas, épinette de Sitka, pins tordus, la taïga regorge de richesses naturelles, d'essences olfactives raffinées et de vie sauvage. Fortement tributaire du climat subarctique, elle est parcourue par un vaste réseau de lacs résultant de l'érosion des glaciers. En circulant ainsi sur la piste de l'eau, nous pouvons lire dans la morphologie du paysage, l'histoire du monde et le travail phénoménal des glaciers aux temps de la glaciation : l'érosion en vallée glacière ou en cirque, la sculpture minutieuse des crêtes et des arrêtes, la formation de roches moutonnées, le polissement des pierres et des paysages.
En amont d'un des affluents de la rivière, nous faisons la rencontre de NicolaÏ, un orpailleur de la vieille école. Avec son fusil à canon lisse, son regard vif et sa silhouette charpentée pour la vie dans les bois, Nicolaï est l'archétype même du chercheur d'or du grand Nord. A 25 ans à peine, il possède déjà plusieurs exploitations et passe ses journées à fouiller la terre en quête du métal roi.
Après de chaleureuses présentations, il nous invite à passer quelques jours en sa compagnie et nous dévoile une partie de ses richesses :« L'orpaillage c'est l'exploitation de gisements alluvionnaires, issus du dépôt de particules d'or dans le lit des cours d'eau. L'or des rivières provient de la désagrégation d'anciens filons de montagnes qui se sont érodés et dans lesquels le métal se trouvait à l'état cristallisé.
-L'or suit donc également le cycle de l'eau…
-C'est un peu ça en effet. »
Accroupis dans les trous de fouille, il nous explique l'importance des roches et des différentes strates permettant de repérer le lit des anciennes rivières. A certains endroits, quelques boites de conserves en métal rouillé jonchent le sol et rappellent la période historique de la ruée vers l'or. Le site a déjà été fouillé plus de 100 ans auparavant, ce qui corrobore avec les analyses de Nicolaï. « Vous verrez, le filon est proche, tout les indices indiquent que j'ai raison. Et ces aventuriers du siècle dernier en sont arrivés aux mêmes conclusions que moi. »
Nous abandonnons Nicolaï, après deux journées inoubliables passés au fond des bois. Nous récupérons le canoe laissé en aval prêt de la rivière et reprenons notre route vers l'Ouest. Bientôt les flots d'eau douce qui nous accompagnent depuis les montagnes se mélangeront aux puissantes vagues du Pacifique, et alors, avec un peu de chance, nous glisserons sur l'eau dans les lueurs du soleil de minuit.