Laurent Kania est né en 1981 sur la côte Atlantique française, d'où son amour pour les vagues et le voyage. Dès 19 ans il ressent le besoin de partir à l'aventure en quête de nouveaux horizons. Il commence alors à faire des saisons l'hiver pour pouvoir voyager le reste de l'année et chercher toujours des nouvelles vagues à photographier.
C'est en Indonésie que sa vie prend un nouveau tournant. Les paysages, l'eau turquoise, la culture et les habitants de ce pays l'inspirent.
Il y retourne pour la 13ème fois cette année et nous fait le récit du swell magique qui a frappé le week-end dernier.
« Après un mois de voyage incroyable à Cuba au mois de mai où j'ai découvert une île paradisiaque où la surconsommation, le progrès et le trafic n'existent pas, me voilà enfin de retour en terre Indonésienne. Je suis ici pour 2 mois et je n'ai aucune idée où aller. Je veux juste découvrir des coins perdus que je ne connais pas encore. L'Indonésie est vaste et il y a encore bon nombre de spots mythiques et mystiques qui ne demandent qu'à être explorés.
Cela fait 4 ans que je ne suis pas retourné sur Bali. J'arrive à Jakarta mais il me faut une nouvelle planche donc je passe naturellement faire mon shopping à Bali où j'y retrouve très vite tous mes vieux copains qui sont encore là à survivre dans cette jungle balinaise, qui avec le tourisme de masse a bien changé …
C'est toujours Walt Disney sur Kuta Semyniak mais ça le devient à présent sur le Bukit et Canggu, ce qui devait arriver arriva !
Mon custom tarde à être prêt et je reste sur Bali malgré moi. Je prends une claque énorme par rapport à Cuba mais l'ile des Dieux a aussi de bons côtés... J'en profite pour me remettre à surfer après avoir passé l'hiver à bosser en montagne, et surtout à réaliser un nouveau portfolio balinais. Il y a matière à photographier !
Nous sommes aux antipodes de notre culture et mis à part la pollution et le tourisme de masse, ici tout est beau, Bali Bagus.
Le progrès nous a amené internet et il est à présent facile de prévoir à l'avance quand va arriver un swell ...
Un beau matin à Canggu, notre ami Olivier Latorre, dit Barbu, m'annonçe qu'un gros swell arrive. C'était rouge fluo sur toutes les cartes, le swell de l'année était annoncé en Indo !
C'était déjà le buzz sur les réseaux sociaux, les pros réservaient déjà tous leurs billets d'avion pour venir scorer un spot indonésien, mais qui viendra surfer Padang Padang ?
Mon copain photographe, Sylvere Tanguy dit Silvio, s'est mis en contact avec son ami Ben Player pour le faire venir. Ça lui a servi de bonne rééducation après son accident cet hiver en Irlande. J'aurais préféré aller surfer Desert Point ou une autre vague mais quand B.P vient sur Padang, c'est spectacle assuré, c'est aussi l'occasion de shooter le maître dans son jardin et de revoir Padang sous un grand jour.
Le samedi 27 juin au petit matin, c'est déjà la foule sur le parking, il n'y a déjà presque plus de place pour se garer, ça annonce la couleur ! Au ChekPoint sur la falaise, on se bouscule presque pour voir les vagues ! Elle est bien loin l'époque où on surfait Padang entre copains surfeurs squattant sur le Bukit, mais bon c'est comme ça, les temps changent …
Il y a des vagues mais le swell n'est pas encore rentré.
Les prévisions internet nous annonçaient quand même 13 pieds avec 23 secondes de période ! Les anciens disaient que ça risquait d'être plus gros que le swell de juin 2007 où les vagues avaient alors été gigantesques défonçant tous les warungs qui se trouvaient sur la plage et offrant aux surfeurs un solide 4 mètres sur les plus grosses séries.
Le matin, il y a du monde à l'eau, mais à marée haute, ce n'est pas Padang, on va attendre.
Ça pète par contre déjà assez fort sur Uluwatu, mais comme d'hab, il n'y a pas grand monde à l'eau, juste les vrais big waves riders. Tout le monde veut surfer Padang Padang, se mettre le barrel des vacances et rentrer à la maison avec sa photo dans un tube énorme aux couleurs émeraudes !
C'est aux alentours de midi que passe le premier vrai set, c'est parti ! Les premiers barrels sont sortis sous les cris de la foule déjà bien accumulée sur la plage. Toutes les plus belles femmes de l'ile font bronzette sur la plage de Padang, comme par hasard … Il y a même un bus de Kuta avec du son sur la falaise, c'est du délire.
Mais curieusement, les vagues se font attendre et le pic se gonfle de monde, notamment de surfeurs indonésiens.
Rares sont les locaux à Padang mais sur un gros swell, tous les Balinais débarquent, tous veulent faire le show et sortir une photo qui les rendra riche et célèbre, enfin on se comprend … Très peu en vivent vraiment et encore plus en Indonésie.
Tout ça pour dire que toutes les vraies rares séries qui passent sont surfées par des locaux, ils sont entre dix et quinze au pic, les cinquante autres surfeurs doivent être patients et sont conscients qu'ils se feront sûrement dropper, même Ben Player, triple champion du monde de bodyboard et maitre absolu à Padang ne se gave pas, bien que chaque vague qu'il prend soit scorée avec classe.
Avec la grosse période, les séries mettent du temps à venir et la tension monte … Je suis dans la passe avec mon appareil photo mais j'observe et j'écoute. Les surfeurs sont blasés, certains sortent de l'eau à la rame après 2, voire 3 heures d'attente sans avoir pris une vague. D'autres essaient de prendre les intermédiaires qui souvent ne passent pas tant les gars démarrent à l'intérieur, c est la guerre !
La journée se passe avec je dirais 10 belles séries, mais jamais les 13 pieds annoncés.
Ce sera pour demain Inch'Allah …
Le dimanche, même cirque ! Parking complet, plage blindée et c'est la cohue au pic ! Les gars sont morts de faim, partent sur des vagues qui ferment ou se font braquer. Les locaux se gavent ! Ça drope, ça braille et ça hurle à chaque sortie de belles vagues ! Et bien que la houle soit plus propre, c'est quand même moins gros que la veille. À marée basse, c'est quand même un beau Padang.
Je suis bien mieux dans la passe à prendre des photos qu'à attendre au pic. Les Balinais se régalent, ils font tous des pauses à la sortie du bowl. Nous sommes presque 10 photographes et les gars savent bien qu'ils auront leurs photos. Ça lève les bras, ça fait des grimaces et ça vient s'admirer en photos.
Il y aura des super vagues pendant les 3 jours mais pas le swell tant attendu, du moins sur Padang, bien que certaines séries aient atteint les 10 pieds !
Je sais cependant que d'autres spots ont pris. Je ne dévoilerais pas les noms mais d'après les dires, il y a vraiment eu des vagues hallucinantes qui ont tapé l'Indonésie …
Les locaux ont fait le show même s'ils auraient pu, à mon sens, se caler bien plus profond dans les tubes, quitte à prendre toutes les vagues, il faut envoyer, surtout dans un Padang parfait !
Certains pros sont passés mais sont vite repartis voyant le manège. Méga, Rizzal et tous les Balinais se sont collés je ne sais combien de barriques, après tout , c'est bien normal, ils sont chez eux. Ben Player, dit B.P, nous a régalé à sortir des barrels incroyablement deep avec ses sorties en backflip !
Il y a eu des boites, des planches cassées, la médecine chinoise a coulé, le weekend a été rempli d'émotions !
Les gars ayant sorti des tubes ont tous eu leurs photos dans cette course à l'image. C'était sublime à voir, parfait à surfer et intense à photographier, un régal !
Il y a eu des vagues énormes sur Ulu et des autoroutes sur Impossible, d'autres spots n'ont même pas été surfés tant c'était massif !
Ce n'était pas, je pense, le swell de l'année donc pour ceux qui aiment le gros, il y aura d'autres sessions à se mettre en Indo cette année mais un conseil si vous voulez charger, n'allez pas sur Padang Padang ou vous repartirez avec un gout d'amertume...
L'Indonésie possède une multitude de trésors, il suffit juste d'éviter les endroits médiatiques et d'explorer les côtes … »
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