La semaine dernière, nous avons eu la chance de nous entretenir avec l'Association Allons Rider, représentée par Manon Lanza et Fred Lecoq. Ces deux surfeurs passionnés de glisse mettent tout en oeuvre pour mettre en avant le surf féminin. Leur but ? Casser le stéréotype de la surfeuse en maillot qui pose sur la plage ! Les filles ont aussi beaucoup de talent et leurs performances sportives méritent d'être mises en avant au moins autant que celles des surfeurs masculins. L'équipe de Beachbrother Magazine est allée à la rencontre de ces deux acteurs du développement du surf féminin, pour mieux connaitre leurs projets, et s'inspirer de leur motivation !
En direct de la plage de la Chambre d'Amour à Anglet, nous vous présentons Manon et Fred qui ont accepté de répondre à nos questions.
Pour commencer, pouvez-vous vous présenter individuellement ?
Manon : Je vis à Anglet depuis 3 ans, je suis directrice artistique et j'ai travaillé pour Volcom et Quiksilver. Aujourd'hui je suis en freelance.
Fred : J'ai 37 ans, je vis à Anglet depuis bientôt 7 ans. Je suis un ancien chef d'entreprise et aujourd'hui je suis en pleine reconversion vers la photographie et le filming.
Comment vous est venue l'idée de créer ce concept qu'est Allons Rider ?
Manon : Allons Rider, n'était qu'une page facebook à la base. J'habitais Lille, j'avais un profond besoin de créer une communauté autour de ma passion : le surf. Rencontrer des filles qui aiment les mêmes choses que moi. Un jour à l'eau sur Anglet je rencontre Fred, nous avons fait rapidement connaissance et en sommes venu à reparler du concept d'Allons Rider. Ces discussions ont vite mené à la création du site Internet ! C'est comme cela que l'aventure Allons Rider a démarré, le nom sonnait vraiment bien, et nous etions tous les deux très motiver à l'idée de monter un tel projet.
Fred : Dès notre rencontre nous avons commencé à travailler sur cette idée, en gardant ce nom « Allons Rider », qui a la base était le nom de la page Facebook et du compte Instagram. Je trouvais ce nom tellement entraînant, il amenait tellement de choses, il nous fallait vraiment développer quelque chose. Et j'ai accepté de travailler sur ce projet justement parce que la personne que j'ai rencontré et qui m'en a parlé est Manon, et pas quelqu'un d'autre. Je savais que Manon avait beaucoup de motivation et qu'elle était capable de s'occuper correctement d'Allons Rider. C'est très bien d'avoir un concept, mais derrière, il faut créer une synergie adéquate pour travailler ensemble et correctement.
Pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste précisément le concept d'Allons Rider, et nous parler de vos projets ? Notamment du film « To the North » ?
Manon : Pour résumer Allons Rider, disons que cela part d'une idée simple : Mettre en avant les filles surfeuses, dans le but de promouvoir leur performance. Dire qu'elles ne sont pas bonnes qu'à attendre leur petit ami sur la plage et poser pour des photos en maillot de bain. Les surfeuses savent surfer, elles sont passionnées, et rêvent d'aventure au moins autant que les surfeurs. Pour ce qui est du film « To the North », nous voulions simplement montrer autre chose, faire comprendre que le surf français ne se résume pas qu'au Pays Basque et aux Landes. Nous sommes donc montés filmer en Bretagne et avons suivi le quotidien d'un groupe de surfeuses bretonnes. Nous ne les connaissions pas, nous les avons seulement contactées sur Facebook quelques jours auparavant. Nous avons loué des chambres via Air Bnb, et c'était parti !
Fred : « To the North » avait aussi pour but de mettre une bonne fessée à l'image de la surfeuse bikini. Nous nous sommes dit : « quitte à filmer des filles surfer, autant le faire dans des conditions difficiles, là où elles bravent les éléments en combi épaisses et en cagoules ! ». Nous voulions créer un contraste entre le stéréotype de la surfeuse qui pose devant l'objectif, et la vraie surfeuse qui enfile son néoprène pour affronter le froid. Les filles que nous avons filmées étaient vraiment motivées, les conditions de surf en Bretagne sont parfois très rudes, et ça ne les empêchait pas de vivre leur passion jusqu'au bout.
Manon : Elles se lèvent à 6h du matin, font 2h de route pour trouver un spot qui au final ne fonctionne pas. Le matin le brouillard est si épais qu'on ne voit rien à deux mètres, elles se jettent à l'eau pour tester le spot alors que le swell prévu dépasse les 2m, 2m50, le tout équipées de combi 5'4'3. Il fait très froid, il y a du vent, du brouillard, en bref cela demande beaucoup de courage. Et malgré ces difficultés, c'est avec le sourire que les filles sortent de l'eau. Elles se fichent du style commun de la surfeuse, du « m'as-tu vu » habituel. Leurs ponchos sont troués, et leurs combis sont plus âgées qu'elles. C'est ce côté que nous voulions mettre en avant, cet aspect aventureux, cette passion qui les anime.
Quels moyens utilisez-vous pour sensibiliser les gens à cette cause ? (Moyens écrits, médias, stratégiques)
Manon : Nous nous efforçons de comprendre ce que veulent les surfeuses, ce qu'elles ont envie de lire. Nous ciblons même la fille qui ne surfe pas mais qui a envie de s'y mettre. Pour ce qui est de la communication, on utilise les moyens mis à disposition par notre média internet : Le site, les réseaux sociaux, les photos qui donnent envie de se mettre à l'eau. Des events comme le Rescue Day qui sont très utiles pour sensibiliser aux manières de sauver des vies.
Fred : Pour ce qui est du Rescue Day, le but réunir une grande partie de la population surf. De 13 à 52 ans., et tous les types de surfeuses : de la débutante à la confirmée, les pratiquantes de surf, SUP, qui se rencontrent entre-elles et nouent des liens par le biais de l'événement. Nous essayons vraiment de communiquer notre vision du surf, de la partager avec la communauté.
Manon : Fred essaie vraiment de se mettre dans la peau d'une surfeuse, il mange nana, surfe nana, fait son maximum pour les comprendre. Parfois sur les articles publiés sur Allons Rider, les filles se demandent si c'est moi ou Fred qui écrit ! (Rires)
Etant donné que le Rescue Day approche, pouvez-vous nous en parler plus précisément ?
Fred : L'idée est d'avoir des surfeuses sensibilisées aux gestes de premier secours et au sauvetage côtier. Le constat est le suivant : Le surf et la baignade ne sont pas toujours des activités surveillées, et le surfeur est toujours le 1er dans l'eau en cas de problème. Ce constat nous a encouragé à monter l'événement du Rescue Day avec les Guides de bain Angloys, qui est une association et qui nous apporte beaucoup d'aide. Les Guides de bain Angloys ont tout de suite trouvé notre idée intéressante et nous ont proposer d'agir en collaboration pour organiser l'événement.
Autre constat : Une fille seule a toujours plus de mal à se mettre à l'eau quand il n'y a personne. Il y a toujours cette peur du danger omniprésente dans le surf. Le Rescue Day est un bon moyen d'appréhender le danger de la bonne manière et de se dépasser. C'est un déclic pour ces surfeuses qui peut-être dans des possibles sessions futures, auront moins de réticence à se mettre à l'eau seules.
Manon : C'est aussi l'occasion de se rencontrer, d'échanger, de voir les peurs des unes et des autres et de travailler dessus ensemble, sans en avoir honte. Aujourd'hui nous avons pas loin de 40 inscrites, qui participent à l'événement.
Quels sont vos collaborateurs ? Qui vous accompagne dans vos démarches en tant que partenaire régulier ?
Fred : Nous travaillons avec 360 Surf qui est une agence de voyage basée sur Hossegor. Nous venons de signer avec eux, ils sont très motivés. Nous avons également la marque de lunettes OZ, une marque locale qui fait des lunettes éco-conçues.
Manon : Nous avons aussi beaucoup de marque qui nous aident en termes de placement de produit : Picture Organic Clothing, XSories, le laboratoire de Biarritz, et Woodstache qui nous fournit en goodies et équipement. C'est important de travailler en association avec des professionnels, qui nous permettent aussi de développer notre image. Aujourd'hui il faut savoir qu'Allons Rider c'est deux personnes qui travaillent en parallèle, et qui ne vivent pas d'Allons Rider (Pour l'instant). Nous avons donc besoin de nos partenaires, et nous tenons vraiment à les remercier pour l'aide qu'ils nous apportent.
Pouvez-vous nous parler de votre projet « Tahiti et ses surfeuses oubliées » en phase de financement crowdfunding ?
Manon : En réalité le crowdfunding de ce projet est terminé, et nous n'avons pas réussi à aller à son terme pour plusieurs raisons : Nous avons lancé la demande de financement durant les périodes de Noël, les gens ne sont pas forcément disposés à faire des dons lorsqu'ils ont déjà les frais des fêtes à assumer. De plus, début Janvier tous les professionnels et les marques font leur bilan financier annuel ce qui réduit encore plus les chances de débloquer des fonds. Toutes ces choses ont fait que le projet n'est pour l'instant pas arrivé à son terme, mais pour autant nous n'avons pas abandonné l'idée de mettre en avant les surfeuses Tahitiennes. Nous avons besoin d'environ 3500 euros pour payer nos billets d'avion pour Tahiti avant fin Juin, et pour l'instant nous disposons de 2000 euros prévisionnels.
Fred : C'est un projet qu'on ne lâchera pas, nous y croyons sincèrement, et cela prendra le temps qu'il faut (Le plus vite sera le mieux). Un véritable engouement s'est créé de l'autre côté du globe pour ce projet. Nous avons été très bien relayés par les médias polynésiens et Tahitiens, et un grand nombre de surfeuses nous ont contacté pour participer, ce qui prouve que ces tahitiennes croient au projet et qu'il parait justifié à leurs yeux.
Manon : Nous sommes toujours à la recherche de partenaires pouvant nous aider et nous suivre tout au long de cette aventure. Ce projet a un coût réel (entre 12 000 et 14 000 euros) et donc nous avons besoin d'être épaulés. Par ailleurs nous venons de nous associer avec une entreprise basée sur Paris, qui nous fournit le matériel audiovisuel nécessaire pour la réalisation. (Caméras, son)
Associer les projets d'Allons Rider avec votre vie professionnelle et personnelle, n'est-ce là pas trop difficile ?
Manon : Avant c'était vraiment compliqué, je travaillais chez Quiksilver à plein temps, je gérais l'image européenne de la marque en termes de pub. J'avoue qu'il était difficile d'associer les deux occupations. Je m'occupais d'Allons Rider à la pause déjeuner, sur le coude pendant les pauses, le soir en rentrant après le travail.
Fred : Sans oublier les sessions de surf, qui peuvent prendre beaucoup de temps ! (Rires)
Manon : C'est vrai ! C'était compliqué, Fred avait sa boite donc il rencontrait le même problème de temps. Aujourd'hui je suis Freelance donc c'est beaucoup plus simple étant donné que je peux agencer mon temps de travail comme je le souhaite.
Fred : Pareil pour moi, j'ai pris un job de nuit pour avoir les journées de libre et ainsi m'occuper plus facilement d'Allons Rider et de ma reconversion vers la photographie. Quand on vit au bord de l'Océan, on essaie toujours d'organiser ses journées en fonction des marées, il faut donc garder un peu de temps pour le surf !
Manon : Allons Rider nous passionne tellement que nous avons tous deux organisé notre vie pour pouvoir nous en occuper. Nous sommes vraiment motivés par ce que nous faisons, et jusqu'à ce que le projet décolle, nous faisons notre possible pour associer nos vies professionnelles avec l'association.
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