Pour la nouvelle génération, déçue, résignée à l'hypocrisie et déconnectée du vrai monde, les goûts, les attitudes sociales ainsi que les opinions sont à classer dans deux tiroirs bien distincts : « cool » et « naze ». Version 3.0 de la Beat Generation, nostalgique du passé mais toujours fascinée par l'underground.
Finalement cette discussion est déjà bien éculée car le rejet d'un courant ne fait qu'en créer un autre. Puisqu'à critiquer le faux communautarisme du hipster, la vacuité du surf punk, on s'enferme dans ses propres concepts. Et puisque tout ça, c'est un peu de la branlette intellectuelle.
Dans certains milieux, on va jusqu'à décerner une prime d'intelligence au nihiliste, au clown sinistre qui expire " bof " d'une manière profonde, au boudeur qui radote « De toute façon, ça va mal et ça finira mal.»
On proclame la mort du surf, la mort du mouvement hipster, la mort de la société... On ne fait que rajouter une nouvelle page au chapitre de cette critique sans fin du surfeur pseudo-cool, pseudo rebelle, tirée de la contre-culture.
Mais comme Pierre Perret le disait si bien (ne me remerciez pas pour la référence) on est tous le con de quelqu'un, et par extension, on est tous le hipster de quelqu'un.
Et toi t'es un hipster ?
« Juste parce que j'ai un penchant pour la cuisine bio, les boards au tail asymétrique, les bijoux post-modernes excentriques et la musique indie underground, cela ne fait pas de moi une identité que l'on doit mettre arbitrairement dans une case que la société nous impose et que…
Et le surf là dedans ? L'introduction du business dans la surf culture ? L'aseptisation du milieu ? L'hyper professionnalisation des surfeurs et l'utilisation marketing de symboles qui auraient dû rester à leur place ? Je ne continue pas, Alana Blanchard illustre à elle seule ce propos bien mieux que n'importe qui :
Finalement l'emblème du surf révolutionnaire aujourd'hui ne sera peut-être pas Derek Hynd qui a gentiment rangé ses dérives au placard, ou le brillant Craig Anderson qui incarne l'esprit 70's, mais bien Kelly Slater qui aura su évoluer dans sa pratique sans essayer d'être "cool".
Tout va mal, mais finalement tout va bien puisqu'il est encore possible de faire du surf une expérience personnelle et unique.
Comme mes comparses Bastien Duverdier et Dorian Lesca, je deviens Frère de la plage, et ma tâche sera de voyager avec vous dans la Board Kulture, celle qui accepte tous les courants, toutes les critiques, qui prend le mainstream pour ce qu'il est, l'alternatif dans ses meilleurs côtés. Qui admire les légendes du passé et attend les super-héros de demain.
Alors, Beachbrother c'est cool ?