Nouvelle saison, nouvelle destination, nouvelle expédition Odisea.
Après le Grand Nord avec l'Alaska, Mathieu Crépel et Damien Castera se sont envolés il y a deux semaines vers le Grand Sud avec la Patagonie Chilienne.
Après l'ascension du volcan Osorno, il est temps pour eux de s'attaquer à la descente en packraft du rio Petrohue. Ils racontent :
" Avant toute chose, laissez-moi vous présenter avec un peu plus de précision le cadre dans lequel nous évoluons cette année.
La région des lacs est un sanctuaire, un royaume tranquille à la croisée de la mer et des montagnes. Tout ce qui fait douce la vie des hommes semble y être réuni : des cabanes paisibles alimentées par la chaleur du poêle, des forêts en paix, le mouvement lent de quelques hommes parmi leurs pierres, et les volcans qui s'illuminent de leurs neiges dans l'or du soir. Nous découvrons avec bonheur l'éveil de la nature après l'hiver austral, les parfums errants de la sève en travail, le vent courant sur la lande. Le temps est au beau fixe, les rivières fuient vers l'océan.
Après l'ascension et la descente du volcan Osorno, nous avons troqué nos snowboards contre des embarcations précaires qui devraient nous permettre de descendre le rio Petrohue. Le problème est que nous avons sensiblement surévalué nos compétences en eau vive et certainement sous évalué la complexité de la rivière.
Le rio Petrohue (situé en bas du volcan Osorno) s'étend sur 36 km, depuis le lac Todos los santos jusqu'à l'estuaire de Reloncavi. Lorsque nous l'attaquons sur sa partie haute (niveau de difficulté 3+), nous comprenons vite que le débit est extrêmement puissant et que les rapides vont être complexes à franchir, surtout à bord de nos packraft conçus pour les navigations en eau calme. Nous passons une bonne partie de la journée entre rires et larmes, à tenter de survivre aux milieux des bouillons. Malgré toute ma concentration, je ne parviens à trouver le rythme, et chavire au milieu des vagues. Sans embarcation et à la merci des courants, je lutte plusieurs minutes avant de regagner le rivage. Mathieu, qui s'en est mieux sorti, récupérera mon raft 1 km plus bas.
A mesure de notre progression, les rapides semblent devenir de plus en plus dangereux. Nous décidons d'avancer à tâtons et de contourner à pied les passages jugés trop techniques. Le soir, épuisés par la bataille, nous bivouaquons sur une petite plage de sable noir.
Après une nuit réparatrice et quelques rapides en guise de petit déjeuner, nous entrons sur la partie inférieure de la rivière : des eaux calmes pour un courant doux. La donne n'est plus la même, nous vidons nos embarcations de leur eau et naviguons désormais au sec jusqu'au petit village de Cochamo. De là, nous passons une bonne partie de la journée à errer à la recherche d'un bateau qui nous permettra de traverser le fiord (infranchissable en packraft).
Nous finissons par faire la connaissance d'un groupe de pêcheurs prêt à prendre le large. Certainement animé par un mélange de curiosité et de pitié, l'équipage nous invite généreusement à son bord. Quel soulagement et quel moment inoubliable. A peine 5 minutes que nous avons largué les amarres et Camilo, le capitaine, m'abandonne à la barre avec un cap en ligne de mire. Mathieu me rejoint alors dans le poste de pilotage, le sourire au coin des yeux. Devant nous se dresse désormais l'île de Chiloe. L'aventure continue… "
Damien et Mathieu