Comme chaque samedi, retrouvez notre rubrique « L'invité de la semaine », qui vous présente une personnalité de la Board kulture. Beachbrother vous plonge dans l'univers de skateurs, surfeurs, snowboardeurs, et artistes, afin de satisfaire votre soif de Kulture !
Cette semaine on donne la parole à Sebastien Zanella : photographe mais également réalisateur, Sébastien est l'homme qui se cache derrière Désillusion. Avec un univers bien à lui, ses clichés comme ses films ont toujours une perspective intéressante que l'on ne retrouve pas chez n'importe quel professionnel de l'objectif. On parlait la semaine dernière de la sortie de son dernier film Eunoia, il nous en dit un peu plus :
Salut Sébastien, on a beaucoup apprécié ton dernier film Eunoia. Peux-tu nous en dire un peu plus sur le tournage ?
Le tournage a eu lieu sur l'île d'Hudhuranfushi et la vague de Lohi aux Maldives. J'ai passé sept jours dans l'eau, du lever du soleil à la tombée de la nuit. A la base, j'y étais juste pour faire des photos, mais je prenais tellement de plaisir à nager et shooter là-bas que je me suis mis à filmer sans trop savoir ce que j'allais faire des rushs.
Eunoia a son propre univers. Comment t'es venue l'idée d'un film si particulier ?
Sur l'île d'Hudhuranfushi au bout de deux/trois jours on commence à perdre pied avec la réalité, on est isolé, on a le même horizon et le même décor toute la journée, ce qui pour un photographe/réalisateur comme moi est un peu bizarre car là-bas on ne cherche pas un endroit pour shooter, on a pas le choix… Du coup on travail plus en profondeur, et je me suis mis dans la danse à filmer mon ivresse. Comme une ivresse des profondeurs, comme si je perdais pied à filmer l'invisible.
Ce film de surf a un monde plutôt décalé par rapport à ce qui se fait habituellement. Quel est ton secret pour (re)créer un tel univers ?
Le seul secret que je connaisse est de ne pas suivre les tendances, écouter les "on-dit", les haters, et même de prendre un malin plaisir à faire quelque chose que je serai le seul à comprendre. Puis de laisser le projet fini dans les mains du public, et de voir leur réaction.
Le mot "Eunoia" fait référence à "la perception de l'audience et la bonne volonté du créateur à produire ce qui pourra fondamentalement les intéresser". Est-ce là une sorte de message en direction des spectateurs ?
Oui tout à fait. Le mot est tout d'abord vraiment beau. Et puis dans le monde du surf aujourd'hui, comme un peu dans tous les mondes, on se contente souvent de produire ce qui va plaire, dans le sens répétitif du terme, en reproduisant les mêmes vidéos, plans etc. Alors que bizarrement dans mon processus de création, j'essaie aussi de produire quelque chose qui va plaire, mais sans jamais copier, ou reproduire un déjà vu, c'est même ma hantise et des fois ça peut me rendre fou !
La vidéo a très vite été relayée un peu partout sur le web, es-tu heureux des retombées ? Quel impact le film a-t-il sur ta carrière de réalisateur ?
A vrai dire c'est mon troisième short film cette année qui a été assez bien accueilli, et à chaque fois ça m'ouvre encore plus d'opportunités, et de liberté. Aujourd'hui, les marques, médias ou studio de production me demande de faire du "Sebastien Zanella" et non pas de suivre une storyline, et franchement je ne peux pas être plus heureux artistiquement parlant.
Que fais-tu quand tu ne tournes pas ?
J'explore le monde avec ma femme et ma fille. Que ce soit à l'autre bout de la planète ou chez nous : on prend la voiture, et part à la recherche de route infinie, de dune, de foret… et ça quasiment tous les jours… on doit être un peu fou.
Enfin, as-tu des projets en cours ou futurs dont tu voudrais nous parler ?
Je travaille sur plusieurs short films dont un avec Andy Criere, le surfeur basque. Et puis sur un long métrage qui devrait voir le jour fin de l'année prochaine avec Craig Anderson, Harrison Roach et d'autres surfeurs.
Tu es également photographe, as-tu une photo coup de coeur à partager avec les lecteurs de beachbrother ?
Probablement celle-ci, de Dylan Rieder qui nous a quitté récemment. Dylan est tout ce qui m'inspire, il a toujours eu du recul sur les haters, et toujours choisi sa propre voix. Même de son vivant Dylan était une légende, aujourd'hui et demain il sera toujours ma source d'inspiration. Dylan Forever.