Comme chaque samedi, retrouvez notre rubrique « L'invité de la semaine », qui vous présente une personnalité de la Board Kulture. Beachbrother vous plonge dans l'univers de skateurs, surfeurs, snowboardeurs, et artistes, afin de satisfaire votre soif de Kulture !
© Aurélien Laborde
Ce nom ne vous est certainement pas inconnu. Et pour cause, Gautier Garanx est un de ceux qui avaient dévalé le monstre de Belharra il y a 2 ans, quand la bête s'était réveillée. Véritable passionné de big wave surfing, Gautier se tient toujours prêt à partir si un swell pointe le bout de son nez. Disponible, la blague facile et plein d'entrain, le big wave surfeur bayonnais a pris le temps de répondre à quelques questions pour Beachbrother afin d'en savoir plus sur lui :
- On se souvient tous de ton exploit à Belharra et cette vague de 19m. En y repensant, est ce que tu l'aurais surfée différemment ? (notamment à cause de ta fin de vague un peu compliquée)
L'histoire de cette fameuse vague est particulière et avec le recul, je t'avoue m'être posé plusieurs fois la question. Mais la réponse reste à chaque fois la même : je n'aurais rien changé. Lorsque la série s'est levée, les équipages présents étaient déjà positionnés et savaient sur quelle vague ils allaient se lancer. Avec Julien (Molia), on devait partir sur la troisième du set. Au final, au moment de partir sur la deuxième vague de la série, l'équipage de Peyo nous fait signe d'y aller car eux voulaient surfer la troisième. On ne s'est donc pas posé de questions et Julien m'a lancé direct. Cette série de 3 vagues a fait un carnage. Sur la première, Rico Leroy tracté par Antoine Albeau est parti en gauche et Sancho tracté par François Liets en droite. Les deux ont bouffé et ont pris la deuxième vague du set (la mienne) à l'impact. Moi, j'ai bouffé sur la mienne et sur la troisième du set, celle de Peyo a cassé à 10m devant moi... Ce jour là tout le monde y est passé. La série d'après, Stéphane Iralour, après un méchant wipeout, est resté 2 vagues sous l'eau (plus de 45 sec). Je pense donc qu'il y a un prix à payer quant tu t'engages dans ces conditions, et ce jour là, tout le monde est passé à la caisse !
- On imagine que tu seras aux avant-postes quand elle reviendra ?!
Oui, j'espère y être ! Mais cette vague est tellement rare qu'elle demande une grosse organisation logistique et de la disponibilité ! Dans notre cas, on croise les doigts tout l'hiver pour avoir la bonne dépression, le bon vent et que tout ça se cale sur un dimanche... Si ça tombe en semaine, je dois négocier un "bon de sortie" avec mon directeur et Julien doit décaler tous ses patients. Depuis Janvier 2014 (dernière session XXL, avec notamment la vague de Jamie Mitchell prise à la rame), il y a eu plusieurs alertes de session à Belharra mais à chaque fois, la belle ne s'est finalement pas montrée...
- Nazaré, c'est pour bientôt ?
On en revient tout juste, le lieu est juste hallucinant ! Rien à voir avec Belharra. Les vagues sont très proches du bord et concentrent une puissance incroyable ! On a vu des vagues de plus de 15m tuber de haut en bas ! Deux jours de surf en immersion avec certains des tôliers du spot comme Hugo Vau qui nous a expliqué le fonctionnement du spot et les règles de sécurité. Là bas, tous les équipages sont équipés de radios VHF afin de pouvoir communiquer entre eux. A cela, tu ajoutes les "spoters" positionnés sur le phare, qui annoncent les séries et signalent le moindre accident. Ainsi, si un surfeur chute ou est en difficulté, les spoters font sonner toutes les VHF en même temps et les équipages convergent vers la zone d'accident pour porter assistance. La sécurité est une vraie préoccupation de tous les instants à Nazaré.
- Comment ressens-tu le surf de gros aujourd'hui ? Il a évolué ?
Les chargeurs des 4 coins de la planète sont en train de révolutionner la pratique. Les vagues qui sont aujourd'hui prises à la rame l'étaient il y a encore quelques temps en Tow-in... Je pense que le surf tracté a permis de faire tomber des barrières sur la taille et la possibilité de surfer des vagues de plus de 10m. Aujourd'hui, le challenge s'est recentré sur le surf XXL à la rame. Ce qui se passe depuis 2 ans est incroyable, on a tous encore les images en tête des vagues prises à Puerto Escondido, Jaws ou Mavericks ! Les chargeurs sont ultra préparés physiquement comme mentalement, et le matériel a considérablement évolué.
- Le surf de grosses vagues demande une condition physique irréprochable. Comment t'entraînes-tu ?
En salle : pour ma part, je commence ma préparation physique mi-août avec du travail en salle. Je suis un programme d'entraînement personnalisé au Dragon Stadium. Fred Rado (coach du dragon) me fait faire des fractionnés durant lesquels je dois tenir l'effort (80% de mon max) sur des temps variables, tout comme les temps de récup qui évoluent eux aussi. LA cerise sur le gâteau est lorsque je fais tout ça avec un masque d'effort qui m'empêche de respirer et expirer normalement... Je fais cet entraînement 3 fois par semaine jusqu'en Décembre, après je baisse en intensité car "normalement" c'est à ce moment là qu'on surfe les grosses conditions (ce qui reste la meilleure préparation).
En piscine : je suis les entraînements du Biarritz Chasse Océan. Laurent Gamundi nous prépare des séances spécifiques pour le surf de gros. On est d'ailleurs plusieurs à s'y retrouver comme Justine Dupont, Julien Molia, Fred David, Pilou Ducalme, etc... Le coach nous apprend à travailler en apnée sans paniquer, tout en tenant notre effort. On mêle donc en fonction des séances, apnée statique et dynamique. Il nous organise également des sorties en mer durant lesquelles on travaille avec une gueuse pour aller chercher de la profondeur, de la confiance et ne faire qu'un avec l'élément. Depuis quelque temps on s'est tous mis à la chasse ! On mixe ainsi la mer et la piscine pour passer un maximum de temps dans l'eau.
- Des objectifs, des projets pour cette année 2016 ? Des trips en prévision ?
Ouf, pleins de projets oui ! Je travaille actuellement avec Romain, Uhaina Po, sur des planches pour surfer du XXL. Il s'agit de planches creuses en bois (Hollow) dans lesquelles on peut calculer et positionner le leste exactement au bon endroit et ainsi garder voire optimiser les propriétés dynamiques de la planche ! Romain va me faire une série de planches de Tow et Gun qu'on va tester l'hiver prochain avec Julien.
Tu vas rigoler, mais ma femme vient d'investir dans un jetski ! On est déjà en train de l'équiper pour aller faire du step-off et du tow-in ensemble. On va donc bosser sur le pilotage et les exercices de sécurité tout l'été pour être au point l'hiver prochain ! Je crois que c'est le projet qui m'excite le plus !
Puis pour finir il y a Nazaré. On est tombé sous l'attraction magnétique de l'endroit... Dès octobre on y sera, puis on a tablé sur 1 fois par mois entre Novembre et Février. Le spot est un aimant à houle XXL et il y a une densité de houle comme nulle part ailleurs en Europe.
A présent, ils vont pouvoir partager le surf de gros à deux... Ci-dessus, au Costa-Rica.
Enfin, voici un petit aperçu du pourquoi il faut arriver à Nazaré en étant préparé à tout, tant les vagues ne vous font AUCUN cadeau...
Merci Gautier d'avoir pris le temps de répondre à nos questions avec toute ta passion et ta sincérité. On espère te revoir bientôt sur un de ces murs d'eau pour nous en mettre plein la vue !