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L'INVITÉ DE LA SEMAINE : DAMIEN POULLENOT

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Comme chaque samedi, retrouvez notre rubrique « L'invité de la semaine », qui vous présente une personnalité de la Board kulture. Beachbrother vous plonge dans l'univers de skateurs, surfeurs, snowboardeurs, et artistes, afin de satisfaire votre soif de Kulture !

Cette semaine, c'est Damien Poullenot qui nous accueille dans son studio de Capbreton (Landes). Véritable passionné, Damien est reconnu comme l'un des photographes de surf les plus doués de sa génération. Ancien bodyboardeur devenu surfeur, il s'est très vite dirigé vers la photo aquatique pour en devenir l'un des pionniers. Damien collabore depuis plus de 10 ans avec la World Surf League et couvre les compétitions en France et à l'international. Il ne compte plus le nombre d'avions pris au cours de sa carrière, encore moins le nombre de clichés.

Une sélection de photos représentatives de son travail à découvrir au sein de l'article.

Salut Damien ! Comment vas-tu ? 

Je vais bien mais je sors tout juste d'une blessure qui a été longue à guérir. Je me suis déchiré un tendon du coude il y a 5 mois et je commence tout juste à bien récupérer mon bras, qui est mon principal outil de travail. Je commence donc à aller mieux mais je sors d'une longue et difficile période.

Tu peux te présenter ? 

Je suis photographe de surf depuis 15 ans. J'ai un parcours qui n'était absolument pas prédestiné puisque j'ai fait des études en environnement et océanographie. La vie a fait que j'ai bifurqué vers d'autres voies et vers ma passion qui est la photo aquatique. Aujourd'hui j'explore différents aspects du métier de photographe : surf pour la publicité et les magazines, studio, mode, et je travaille aussi depuis plus de 10 ans pour la World Surf League.

©Damien Poullenot

Quels sont tes projets cette année ?

Mes projets vont énormément tourner autour des voyages que je vais faire pour les compétitions WSL. Entre autres destinations, je suis content de faire une étape WSL pour la première fois, le Brésil, et de retourner à Tahiti, que j'aime beaucoup. J'essaie d'allier ces voyages avec des projets perso et des trips de free surf. Quand je suis en France je travaille pour mes clients réguliers, notamment la marque Tribord.

Quel est ton rythme entre la France et tes voyages ?

J'ai quatre enfants donc pour ma famille j'essaie de partir le moins longtemps possible. J'ai une période d'hyperactivité entre fin avril et fin novembre, puis une période plus creuse de décembre à mars. Cette année, je vais faire Martinique, Brésil, Portugal, les Maldives, Tahiti, ensuite des shoots en studio ici dans les Landes, puis le pro France puis à nouveau le Portugal et enfin Hawaï. Ça enchaîne non-stop.

©Damien Poullenot

Tu te souviens de ta toute première photo ?

Ma première photo pas vraiment, mais le souvenir qui me marque le plus est le moment où j'ai fait mes premiers tests avec mon premier caisson. A l'époque le matériel n'était pas du tout le même, les appareils numériques n'existaient pas. Ce n'était pas si facile d'obtenir une belle photo aquatique. Je me souviens du bonheur de réussir à avoir un surfeur dans le tube ou une vague vierge.

Peux-tu nous en dire plus sur ton parcours et plus particulièrement comment tu es passé de photographe amateur à photographe professionnel ?

C'est avant tout une histoire d'opportunités. A l'époque il y avait très peu de débouchés dans l'environnement et j'ai donc abandonné cette voie rapidement. Je me suis tourné vers la photo car c'était ma passion. J'ai commencé comme photo-filmeur pour les écoles de ski et de surf. Ça m'a permis de me faire un peu d'argent et d'acheter mon premier caisson. J'ai eu la chance d'être là au bon moment car entre 2002 et 2009, il y a eu une grosse explosion du marché du surf et donc beaucoup d'opportunités avec les magazines et les marques. Aujourd'hui la crise est passée par là et c'est beaucoup plus difficile. Je pense que le nombre de photographes de surf a été divisé par quatre.

Quand le marché s'est tassé et que c'est devenu plus compliqué, je me suis diversifié en créant un studio qui me permet de faire du produit. Ca m'a permis de m'enlever le stress du manque de clients purement surf, mon coeur de métier, et donc de travailler avec plus de plaisir.

Ensuite il y a eu la WSL, vers 2005-2006. Personne ne croyait dans la photo de compétition, les gens préféraient continuer à faire de la photo de free surf pour les magazines, c'était aussi mieux payé. Au final, avec Laurent Masurel, mon associé, on a eu le nez creux car la bascule s'est faite dans notre sens. Aujourd'hui la WSL est un énorme vecteur de diffusion de photos de surf et l'un des plus gros clients existant dans le domaine. Depuis ce temps, ils continuent de nous faire confiance.

Ce travail régulier pour la WSL me permet de juxtaposer les photos de surf en compétition, les photos de free surf et les photos en studio.

©Damien Poullenot

Photographe de surf est un métier qui fait rêver mais qui peut être assez instable, comment gères-tu les moments d'incertitude ?

Pour moi le seul moyen pour être photographe de surf professionnel à l'heure actuelle est la diversification. Je me suis diversifié en termes de types de photo, entre extérieur et studio, et en termes de types de clients, en touchant des clients qui ne sont pas spécialement surf. D'autres photographes ont choisi de prendre le virage de la vidéo ou encore de faire du marketing. Il s'agit d'un choix très personnel. Pour ma part, je reste dépendant de quelques clients et d'un marché instable, mon avenir est donc loin d'être stable et certain.

Quels conseils donnerais-tu aux jeunes qui veulent faire ton métier ? 

Pour ne rien te cacher je reçois plusieurs mails par semaine de personnes qui me posent exactement cette question. Je leur réponds que ce n'est pas forcément le meilleur moment pour se lancer mais que, si on regarde mon parcours, je n'étais pas forcément prédestiné. S'ils sont passionnés, il y a moyen d'au moins vendre quelques clichés mais il faudra toujours trouver des activités annexes. Ce qui est certain c'est que c'est nettement moins facile qu'il y a 10 ans.

©Damien Poullenot

Quels sont tes sources d'inspiration ?

Principalement les pionniers de la photo aquatique : Scott Aichner ou Chris Van Lennep. Van Lennep m'inspire beaucoup pour ses travaux au mini-téléobjectif. Je suis un peu revenu du fisheye, qui demande d'être très proche des surfeurs. J'arrive à un âge où j'ai envie de prendre moins de risques. Faire du fisheye à Pipe, c'est presque suicidaire.

Justement, as-tu eu des moments un peu tendus dans ta carrière ?

Oui bien sûr, j'en ai eu plein. Je me suis déjà retrouvé dans des situations à Hawaï ou ici à la Gravière, à être pris par le courant ou à bouffer non-stop. Aujourd'hui j'arrête de pousser mes limites. Mon expérience paye et me permet d'aller dans des conditions solides tout en maîtrisant les prises de risque.

Après 15 ans de photo de surf, comment arrives-tu à te renouveler ?

La question du renouvellement dans mon métier, je me la pose tous les jours, d'autant que le terrain de jeu se réduit à mesure que les clients disparaissent. C'est donc difficile de se renouveler. En photo aquatique j'ai parfois le sentiment d'avoir déjà tout testé, d'avoir fait le tour. L'avantage de la photo de surf c'est que l'environnement extérieur fait que, même au bout de 15 ans, tu trouveras toujours de supers lumières et de supers ambiances et qu'elles seront toujours différentes. Au final c'est la nature qui se renouvelle plus que toi.

©Damien Poullenot

Arrives-tu à trouver le temps de surfer pendant tes voyages professionnels ?

Je surfe beaucoup dans les Landes car, avec le temps, j'ai choisi de prioriser le surf contre la photo quand je suis à domicile. Il faut vraiment que les conditions soient parfaites et qu'il y ait de très bons surfeurs à l'eau pour que je sorte mon appareil.

Quand je suis en voyage c'est plus compliqué de surfer car je mets toute mon énergie à faire des photos. C'est beaucoup plus facile d'être inspiré et de se renouveler, justement, dans un environnement qui n'est pas le sien. Je suis allé à Tahiti pour la première fois l'an dernier et j'étais comme un gamin, je prenais des photos dans tous les sens.

Ton meilleur souvenir de shooting ?

En tant que photographe de surf, pour moi la plus belle destination reste Fernando de Noronha, une île microscopique au large du Brésil, qui est une réserve naturelle ultra protégée. Les vagues, la couleur de l'eau, le sable : c'est un aquarium pour photographe aquatique.

Le mot de la fin? 

Je n'ai pas vraiment de mot de la fin mais pour en revenir aux futurs photographes de surf, je leur conseille de vivre leur passion jusqu'au bout, même en amateur. Il y a de la place pour tout le monde et on a la chance d'avoir un terrain de jeu, l'océan, qui est exceptionnel. Même si le marché est tendu il y aura toujours de la place pour se faire plaisir.

©Damien Poullenot

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