Après deux albums punk avec les Licks, le talent de chanteuse et de songwriteuse de Juliette Lewis s'affirme sur un premier effort solo aux accents de blues et de rock psyché. Et l'inoubliable interprète de Tueurs-nés en profite pour nous montrer qu'elle a appris à chanter, même si ses célèbres hurlements bruts font encore partie du paysage. Miniview.
En avril, tu annonçais ton retour avec Juliette & The New Romantics. Finalement, tu sors cet album sous ton seul nom. L'envie d'aller seule sur le devant de la scène ?
Au début, je pensais que j'allais revenir avec un groupe mais au final je me suis dit que ça allait semer la confusion dans l'esprit des gens. Désormais, je fais de la musique sous mon propre nom… sans exclure des collaborations pour le futur ! C'est une avancée extraordinaire pour moi. L'année dernière, la personne avec qui j'écrivais la plupart des chansons des Licks est partie sur un autre projet. Sans lui, l'esprit n'y était plus. Et puis je voulais changer de son. Je voulais quelque chose de plus étrange, psychédélique… et au groove plus profond. Je voulais également explorer certaines tonalités dans ma voix.
D'où le nom de l'album…
Exactement ! Terra Incognita, parce que j'explorais des terres artistiques inconnues.
Tu peux nous parler de ta collaboration avec Omar Rodriguez Lopez (de The Mars Volta, ndlr) qui a révélé ta voix…
J'étais très intimidée par lui. Je ne pensais pas qu'il me verrait comme une musicienne ou qu'il serait intéressé pour bosser avec moi. Nous nous sommes rencontrés au Japon et ça a collé. Il ne m'a pas vue comme une actrice ou même comme la fille de Juliette & The Licks, mais comme une artiste qui a quelque chose à dire. Il a compris mon langage musical. C'est trop tard, je ne serai jamais la guitariste de mes rêves. Mais je suis un instrument humain. Je peux jouer avec les émotions… Je lui ai fait écouter trois de mes chansons en piano-voix et il a compris où je voulais aller. L'expérience a été fabuleuse… Après la séparation de mon groupe, je m'étais sentie vraiment seule et aliénée. Je ne savais pas si j'allais y arriver seule. Mais si… C'est une mini-révolution. Avant pour moi, tout était question d'énergie et de fun. Maintenant, il s'agit plus de révéler des émotions liées à mon histoire. Cela m'a pris 5 ans pour comprendre ma voix et son fonctionnement. Maintenant, je suis plus dans le détail des chansons que juste "whaaa, j'adore les solos de guitare allez hop, on en fait un"… J'ai progressé en tant que chanteuse.
En même temps, on ne peut que te respecter dans tes choix : il faut quand même avoir un sacré courage pour laisser tomber un job d'actrice où tu gagnes des milliers de dollars pour te lancer dans une carrière de chanteuse punk et faire de la route.
(Rires) Oui, je suis une vraie punk ! Mais bon en même temps, c'était une envie que j'avais en moi et qui était bien plus forte que mes peurs, plus forte que la petite voix intérieure qui te dit "continue de faire ce que tu as toujours fait".
Terra Incognita, Juliette Lewis, Roadrunners Records