Pauline Ado, 22 ans, est la seule représentante française sur le circuit ASP World Tour féminin. Actuellement 10e mondiale, la jeune surfeuse originaire d'Hendaye au Pays Basque réalise sa meilleure saison avec une belle performance à l'U.S. Open de Huntington Beach (Californie) où elle a obtenu une troisième place. Tranquillement, Pauline se fait une place dans le monde du surf pro féminin grâce à son surf mais aussi grâce à une attitude à la fois naturelle et très professionnelle. Nous sommes allés à sa rencontre lors du Swatch Girls Pro pour discuter de sa saison et de son évolution sur le circuit ASP World Tour avant les deux dernières compétitions de l'année qui se dérouleront en France et au Portugal.
On te sent plus à l'aise cette année sur le circuit. Comment analyses-tu ta saison sachant qu'il ne reste plus que deux épreuves ?
Oui, c'est vrai que je me sens plus à l'aise. Je crois que j'ai muri et que mon surf a évolué aussi. Je suis assez satisfaite de ce que j'ai accompli cette année même si la saison n'est pas complètement terminée. Je suis très contente de mon résultat obtenu à Huntington.
Comment vis-tu ces compétitions particulières avec un énorme public. Ça n'est pas déstabilisant ?
Une fois que je suis dans l'eau, je suis tellement concentrée que je n'entends même plus le public. Si, un peu quand même, car il y a des gens qui nous encouragent depuis la digue sur les côtés. Finalement, c'est motivant de voir l'engouement que les compétitions de surf suscitent.
Pauline sur un fs carve lors du Swatch Girls Pro. Photo : ©Daher
Tu es la seule française et même européenne sur le circuit ASP World Tour. Ce n'est pas trop dur parfois de se balader seule à travers le monde avec ses boards à la recherche de précieux points ?
Ça fait un petit moment que je fais des compétitions un peu partout dans le monde donc je m'y suis faite. C'est vrai que parfois j'aimerais bien avoir une amie française ou européenne pour partager ces moments. Mais finalement, je ne suis pas si seule car j'ai beaucoup d'amies sur le circuit. L'ambiance y est très bonne. Je surfe souvent avec Tyler Wright qui est dans le team Rip Curl avec moi. J'aime beaucoup sa vision du surf, elle marche beaucoup au feeling sans se prendre la tête. Et il y a aussi Coco (Ho) ou Courtney (Conlogue) qui sont dans le team Swatch comme moi avec qui je m'entends bien. Sur le circuit, on est toutes amies en fait.
Quand on regarde les spots où se déroulent les compétitions, on ne peut pas dire que vous ayez encore un Dream Tour comme chez les garçons. Qu'en pensent les filles sur le circuit ?
Nous n'avons pas vraiment le choix. A une époque, c'était difficile de pouvoir organiser un circuit avec plusieurs étapes. C'est vrai que les spots qui sont choisis sont souvent situés près de “centres” de surf important aux Etats-Unis, en Australie ou en Europe. Toutes les filles aimeraient pouvoir surfer des spots éloignés et des vagues parfaites comme les garçons mais dans le développement du surf féminin, il est encore nécessaire de faire des compétitions là où les sponsors veulent toucher leur cible.
Pauline Ado et Courtney Conlogue, team rideuses Swatch, en pleine séances d'autographes pour les fans lors du Swatch Girls Pro. Photo : ©Poullenot
Combien de planches emmènes-tu avec toi ?
En général j'en emmène cinq. Mais parfois il m'en faut beaucoup plus comme en début de saison où je passe presque trois mois en Australie car il y a beaucoup de compétitions et aussi parce que je m'y entraîne en hiver.
Tu utilises des quads ou des tri-fins ?
Je préfère les planches à trois dérives pour l'instant. Mais j'ai remarqué en évoluant dans mon surf, que parfois une planche qui fonctionnait bien ne me plaisait plus, donc je travaille avec mon shaper souvent pour améliorer les boards.
Tu travailles donc souvent avec ton shaper RT Surfboards ? C'est un domaine qui t'intéresse ?
Oui, ça m'intéresse beaucoup. Pour moi c'est très important. Ça fait longtemps que RT est mon sponsor donc c'est facile de discuter design, de voir ce qui a marché pour moi, l'améliorer ou expérimenter de nouvelles choses. Parfois, je pense à des designs qui pourraient fonctionner mais mon shaper est là pour m'orienter me dire si ça va fonctionner ou pas. Il m'explique beaucoup comment réagissent les planches.
Fs snap fins out. Un surf moderne et athlétique. Photo : ©Poullenot
En France et en Europe, quelles sont à ton avis les filles qui pourraient prétendre à surfer sur le World Tour ASP ?
Je pense que Johanne (Defay), Lucia (Martino) ou Kim Véteau ont un bon potentiel.
Aujourd'hui, les surfeuses prennent très au sérieux la compétition et beaucoup d'entres-elles, dont toi, mettent l'accent sur la prépa physique. Combien de temps cela te prend-il dans la semaine ?
Aujourd'hui les surfeuses sont devenues de véritables athlètes. Outre les sessions de surf, on passe aussi du temps à la gym. Quand je suis en France, je passe trois ou quatre fois par semaine à la salle. Mais ce n'est pas tout. On doit aussi faire attention à ce qu'on mange aussi. Je ne dis pas qu'on se prive mais tout ce que je fais dans ma vie est orienté autour du surf et donc j'ai toujours en tête de mettre tous les atouts de mon côté pour être au top de ma forme et c'est une sensation que j'aime beaucoup.
Avec les filles du circuit, Pauline partage une séance de golf. Au premier plan, sa copine du team Swatch Coco Ho. Au Fond, Courtney Conlogue, Laura Enever et Sage Erickson. Photo : ©Poullenot
Tu te concentres surtout sur la compétition. Arrives-tu à trouver le temps pour te faire de bons surf trips ?
Peut-être pas autant que je voudrais mais oui quand même. Après tout, c'est aussi pour ça qu'on surfe. Récemment j'étais à Fidji, un endroit magnifique. Je passe aussi beaucoup de temps en Australie mais je pense que j'en ferais un peu plus dans les prochaines années, mais vu que je voyage beaucoup, j'apprécie d'être à la maison aussi.